CHAPITRE 6 : LES ANNEES 80

Le territoire Roannais, très affecté par la fermeture d’une importante entreprise de construction textile ainsi que par la fin de l’arsenal va vivre une mutation, animée de multiples convulsions qu’un syndicalisme ouvrier très enraciné et très actif va attiser. Le Plan Textile va apporter une aide aux entreprises qui veulent résister à la déferlante des produits d’importation en modernisant leur outil de fabrication et de commercialisation. La chambre de commerce de Roanne joue alors un rôle important en créant la première Biennale Textile, axée sur l’automatisation et l’informatisation des systèmes de production. Elle organise aussi des missions de prospection sur les marchés Européen et met en place une formation universitaire
pour former des cadres nécessaires aux nouveaux enjeux.

C’est dans ce contexte que JEAN-YVES, le frère cadet, intègre l’entreprise et vient étoffer l’équipe commerciale. Cette dernière se voit renforcée par l’arrivée des deux épouses respectives ANITA et CATHERINE. Ce nouvel organigramme fait la joie et la fierté des parents qui imaginent ainsi une suite harmonieuse à tous les efforts consentis pour pérenniser la société. La succession se prépare et sera effective à la fin de la décennie avec la complicité des deux frères. C’est grâce à un vrai respect mutuel et la complémentarité de ses deux futurs dirigeants que l’aventure peut se poursuivre encore aujourd’hui.

La stratégie de la société s’adapte très vite à son époque mais aussi aux demandes du consommateur. Très à l’écoute de ses distributeurs, une diversification du produit est mise en place. La collection FREESTYLE voit le jour et répond à l’attente d’un vêtement axé sur la pratique des loisirs, des vacances à la plage, des voyages.

Cette ligne sera fabriquée par des sous-traitants locaux et remportera un large succès dans les boutiques avides de nouveaux produits. L’offre s’élargit encore avec une ligne de peignoirs en éponge ainsi qu’une première licence avec le couturier LOUIS FERAUD. La recherche de marchés à investir passe par l’exportation avec la participation au salon International de l’habillement masculin à Paris. Les premiers catalogues photos apparaissent. Pour maintenir une excellente qualité, de nombreuses visites chez les fournisseurs de tissu ainsi que chez les sous-traitants, dans toute l’Europe, sont des occasions enrichissantes d’améliorer les collections. Une marque est obligée d’évoluer et pour coller à son temps, un nouveau logo CHRISTIAN CANE est créé et s’affiche sur les pyjamas et robes de chambre ainsi que sur des tenues d’intérieur en velours ou molleton, matières très tendance à l’époque. Une campagne publicitaire dans le magazine LUI est lancée. L’innovation permanente est le moteur de l’entreprise, tant dans la gamme des produits que dans la gestion des équipes commerciales qui se structurent et s’étoffent avec le recrutement de VRP multicartes. Le minitel, outil novateur à l’époque, sera même utilisé pour créer un nouveau lien avec ces équipes.

L’atelier des débuts devient vite trop petit et un déménagement est décidé dans un local de plus de trois mille mètres carrés, entièrement rénové et situé dans le quartier du faubourg CLERMONT, haut lieu du textile Roannais. Cette ancienne usine de tissage qui abritait plus de mille personnes au début du dix neuvième siècle, permet d’accueillir une nouvelle organisation avec une chaine de production automatisée et de machines robotisées. ROGER, très impliqué dans ce déménagement, ne profitera guère de son implication et nous quittera peu de temps après, des suites d’une longue maladie. Ce départ entraine une restructuration de l’organigramme de direction et de l’encadrement. Une nouvelle ère s’annonce avec plus de projets et de changements radicaux qui collent aux mutations économiques.

Usine Rue Jean Dupuis à Roanne